Malgré la propagation de la COVID-19 en Haïti, l’Administration Trump ne chôme pas avec l’expulsion de migrantes et migrants haïtiens qui sont en situation irrégulière ou qui sont en contravention avec la justice américaine. Le 26 mai 2020, 30 ressortissantes et ressortissants haïtiens dont 16 qui avaient des antécédents criminels sont arrivés à l’Aéroport International Toussaint Louverture contrairement au groupe de 78 qui était initialement annoncé.
Il s’agit, en effet, de la 4ème vague d’expulsion à destination d’Haïti depuis la pandémie. Ce qui fait en tout 276 migrantes et migrants haïtiens dont certains ont été testés positifs et placés en isolement pour un délai maximal de 14 jours.
Le GARR se préoccupe de l’arrivée de ces personnes en provenance des Etats-Unis dans ce contexte d’accélération de la COVID-19 dans le pays. Le bulletin du Ministère de la Santé Publique en date du 26 mai 2020 fait état de 33 décès parmi les 1174 cas de contamination recensés.
Les autorités haïtiennes sont-elles vraiment conscientes du danger sanitaire que représentent ces migrantes et migrants qui reviennent d’un pays sévèrement touché par la pandémie?
L’on se rappelle, le 11 mai 2020, plus d’une quinzaine d’organisations haïtiennes dont le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR), le Réseau Frontalier Jeannot Succès (RFJS), le Service Jésuite aux Migrants (SJM), la CE-JILAP et le Collectif Défenseurs Plus avaient adressé une lettre ouverte au Président Jovenel Moïse pour l’encourager à solliciter du gouvernement américain un moratoire pour suspendre les opérations de déportation. Une demande qui tarde à venir de la part des autorités haïtiennes.
De son côté, l’Administration Trump continue de faire la sourde oreille face aux multiples appels lui demandant de surseoir aux déportations des migrantes et migrants haïtiens en conflit avec l’immigration américaine dans le contexte de la crise sanitaire mondiale.
Selon les informations rapportées par les médias haïtiens, Jean Negot Bonheur Delva, le Directeur de l’Organisation Nationale de la Migration (ONM) a déclaré que le gouvernement américain avait affirmé que les personnes expulsées avaient été testées négatives à la COVID-19.
Pourtant des informations circulant dans la presse internationale font croire que 9 d’entre elles se trouvant sur la liste initiale seraient atteintes de la maladie.
M. Delva a ajouté que le groupe sera placé néanmoins en quarantaine et testé à nouveau afin d’être sûr qu’il n’y a aucun cas d’infection du virus.
Qu’en est-il de la situation des autres personnes qui ont été déjà expulsées et atteintes du virus ? Ne représentent-elles plus un danger pour la population haïtienne qui fait déjà face à des situations très difficiles? Le gouvernement haïtien doit tirer des leçons de ses erreurs pour éviter des éternelles répétitions.