L’éducation financière des Haïtiens, une arme contre l’exclusion et la pauvreté

Le niveau de pénétration des services financiers reste moyen en Haïti. Savoir pour mieux s’organiser, organiser ses finances est un luxe pour beaucoup trop d’Haïtiens, victimes d’exclusion financière, de la pauvreté. Pour changer la donne, la BRH, le MEF, le ministère de l’Éducation nationale et une kyrielle de partenaires nationaux issus des milieux du savoir et de la finance,  appuyés par des partenaires internationaux, dotent le pays du Plan national d’éducation financière (PNEF »). 

 

« Les questions de l’inclusion financière constituent un enjeu économique majeur mais également sociétal pour tout pays et précisément pour Haïti. Nos choix économiques, financiers et nos modes de vie sont souvent impactés par la problématique de l’inculture financière», a campé le gouverneur de la BRH, Jean Baden Dubois, à la cérémonie de lancement du Plan national d’éducation financière (PNEF), jeudi 25 juin 2020.

« Si des progrès ont été observés au niveau du taux d’inclusion financière en Haïti passant de vingt-sept (27) % en 2014 à trente-quatre (34) % en 2018, il nous faut comprendre que l’éducation financière demeure une prérogative centrale pour consolider les acquis et renforcer la résilience », a-t-il poursuivi, avant d’égrener les chiffres de deux enquêtes qui montrent l’étendue des besoins en termes d’inclusion financière.

« Environ 89% de la population âgée de quinze (15) ans et plus n’a pas accès à un compte bancaire; 73 % n’épargne pas formellement et 87 % n’emprunte pas (… ) Selon les enquêtes FinScope, réalisées en 2018, sur plus de plus de 7, 5 millions de personnes âgées de quinze (15 ) ans et plus en Haïti, 53 % d’entre elles, souhaitent bénéficier d’une éducation financière, de manière à mieux faire fructifier leurs actifs », a fait savoir le gouverneur Jean Baden Dubois.

La profondeur du marché financier, son incapacité à répondre adéquatement aux besoins en services financiers d’une fraction significative de la population peuvent avoir des incidences négatives sur le développement de l’entrepreneuriat formel et la croissance économique du pays, a-t-il poursuivi, cadrant le besoin du Plan national d’éducation financière (PNEF), important dans la « quête d’autonomisation financière, pour pouvoir vous adapter aux évolutions de ce monde économique tant compétitif ».

« Les services basiques de paiement à distance ou en ligne, la digitalisation des opérations, des incitations à l’épargne, une meilleure appropriation des concepts d’assurance sont autant d’outils et de moyens qui doivent être mis à contribution pour augmenter votre résilience financière », a mis en avant le gouverneur Jean Baden Dubois, indiquant que « les individus tout comme les ménages ont besoin d’un minimum de compétences financières pour faire un budget, épargner, financer l’éducation des enfants, faire des investissements à long terme, acheter une maison et plus encore ».

Le gouverneur de la BRH a indiqué que le PNEF, document cadre dont l’horizon est de cinq ans, « s’appuie sur les recommandations de l’OCDE-INFE, de l’AFI et les leçons apprises de certaines pratiques de notre communauté de praticiens en éducation financière ». Leur aboutissement est le fruit d’une année de collaboration entre différents acteurs, tant du secteur privé que du secteur public, œuvrant tous pour l’amélioration de l’inclusion financière en Haïti, a ajouté Jean Baden Dubois, qui a salué l’implication des pouvoirs publics et d’une large composante du secteur financier dans cette dynamique.

Le ministre de l’Économie et des Finances, Michel Patrick Boisvert, voit dans le PNEF un moyen de formaliser les activités économiques d’une population en proie à la pauvreté, obligée de faire preuve d’intelligence et d’innovation pour briser la machine infernale de production d’exclusion, de pauvreté. « En dépit des grands défis et contraintes de cette période difficile que nous vivons, cette stratégie suscitera, chez nos concitoyennes et nos concitoyens, un goût pour la formalisation de leurs activités et relations dans les domaines de la finance et de l’économie », a précisé le grand argentier de la République, soulignant que l’objectif de la mise en commun des énergies et compétences dans le cadre du PNEF est «d’inclure toute la population ne saurait se concevoir sans penser à une amélioration de leurs compétences et de leurs connaissances en matière d’économie et de finance ».

« Trop de jeunes souffrent d’être abandonnés par le système financier national, se disant rejetés au bord de la route avec leurs rêves bafoués. Haïti est du nombre des pays où 70% de la population vit avec environ 2 dollars américains par jour. Cette réalité doit changer », a lancé Michel Patrick Boisvert, qui parie sur le PNEF. « Avec la mise en œuvre de la stratégie de l’inclusion financière et du PNEF, cette réalité va changer » , a-t-il indiqué.

« Il nous faut ouvrir à nos communautés vulnérables l’accès aux activités productives en mettant à leur disposition des produits et services financiers adaptés à leurs besoins, à leurs projets, à leurs aspirations en vue de stopper définitivement cette machine infernale qui fabrique l’exclusion sociale et la pauvreté », a affirmé le ministre de l’Économie et des Finances, Michel Patrick Boisvert.

L’éducation financière s’offre comme un élément indispensable à l’inclusion en rendant chacun capable de faire des choix éclairés en matière d’argent. L’importance pour une société d’être dotée de la capacité de gérer ses actifs et ses revenus, de comprendre et sélectionner les produits financiers n’est plus à prouver, a indiqué le ministre de l’Économie et des Finances.

« Pour l’État, responsable in fine d’un environnement économique et financier adéquat, l’éducation formelle, à toutes les étapes de la vie individuelle et de l’évolution de la communauté, demeure un moyen d’assurer l’aptitude des personnes dans ce domaine », a fait savoir Boisvert, soulignant qu’il « existe un enjeu d’efficacité économique et d’équité sociale important pour les pouvoirs publics ».

L’engagement de l’État haïtien dans la Stratégie nationale d’inclusion financière s’est consolidé avec la constitution de la Commission présidentielle pour l’inclusion financière qui complète la structure de gouvernance de la Stratégie nationale. Le rôle de coordination de cette commission, assuré par la diversité de sa composition, soutiendra l’implémentation de la Stratégie d’inclusion à travers tout le territoire de la République, impactant tous les Haïtiens, quel que soit leur genre, âge, structure familiale, niveau d’éducation générale, orientation professionnelle et niveau de revenu, a informé le ministre de l’Économie et des Finances.

Cette coordination, a-t-il poursuivi, facilitera non seulement la réflexion, la communication, la collecte d’informations et le retour d’expériences, mais aussi les décisions qui seront rendues nécessaires dans le cadre de l’application de la Stratégie. Chaque membre, représentant un secteur, une composante de la société ou du système, constitue un atout pour la réussite de l’Inclusion recherchée. La Stratégie nationale pour l’inclusion financière, dont le fer de lance est le Plan national d’éducation financière, met en place cette fondation considérée solide et multiplicatrice, en l’occurrence, l’éducation, a indiqué Michel Patrick Boisvert.

Auteur:
Roberson Alphonse
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Source: La Nouvelliste

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