Des résidents haïtiens ont décidé depuis le week-end écoulé de camper devant l’ambassade d’Haïti au Chili pour faire pression sur les autorités haïtiennes afin que ces dernières accélèrent la date de leur retour en Haïti.
Ils sont plus d’une centaine, ayant pour la plupart perdu leur emploi à cause de la pandémie, qui s’installent devant l’ambassade d’Haïti, située dans la commune de Providencia à Santiago, cherchant à se faire entendre des autorités chiliennes et haïtiennes afin d’obtenir de l’aide pour rentrer en Haïti sur un vol humanitaire.
Parmi les personnes qui se sont massées devant le bâtiment diplomatique, figurent des adultes et des mineurs qui sont en quête d’un vol de retour humanitaire vers Haïti, car beaucoup d’entre eux se sont retrouvés du jour au lendemain sans travail et privés de logement en raison de la crise économique provoquée par la pandémie du nouveau coronavirus.
Pour l’instant, il est difficile pour les observateurs qui suivent de près l’évolution de ce dossier d’affirmer avec précision une date pour le retour de ces personnes en difficulté, encore plus de dénombrer avec exactitude le nombre d’Haïtiens désireux de retourner en Haïti.
Intervenant le mardi 4 août dernier à l’émission Panel Magik diffusée sur les ondes de Magik 9, Marckenson Jean-Baptiste, un jeune ingénieur militant pour l’intégration de ses compatriotes au Chili, a souligné que l’ambassade d’Haïti a publié une note en date du 3 août dans laquelle elle informe ses ressortissants qu’elle va dresser la liste des personnes désireuses de retourner en Haïti. Toutefois il reviendra au ministère de l’Intérieur chilien de sélectionner les personnes suivant leurs besoins et leur vulnérabilité.
Une source proche de cette affaire a confié à la rédaction que la situation est actuellement invivable à l’ambassade d’Haïti où une dizaine de tentes ont été plantées par ces compatriotes et que le personnel de l’ambassade réfléchit sur comment évacuer les alentours du bâtiment abritant la mission diplomatique haïtienne au Chili.
Vendredi dernier, toujours selon cette source, la situation a dégénéré, « il y a eu un début de manifestation, de la casse et les gens ont voulu pénétrer par effraction à l’ambassade. Les forces de l’ordre ont dû recourir au gaz lacrymogène ». « Depuis dimanche vers les 19-20 heures, une centaine de gens ont commencé à installer leur campement devant l’ambassade », a fait savoir cette source suivant sur place l’évolution de la situation.
Les gens campant devant l’ambassade dans l’attente d’une réponse dans les meilleurs délais, sont impatients parce que la Bolivie, le Pérou, le Venezuela et la République dominicaine ont déjà opéré des vols sur lesquels ont embarqué leurs ressortissants. « Ils pensent que l’ambassade ne veule pas qu’ils rentrent en Haïti. Ils ne comprennent pas la procédure. Leur impatience les rend violents », se désole notre source insistant sur le fait que c’est l’État chilien qui fixe les conditions et décide de qui doit quitter son territoire.
Entre-temps, dans le sens inverse, Marckenson Jean-Baptiste a déclaré que beaucoup d’Haïtiens vivant au Chili bloqués en Haïti lui demandent si la possibilité existe pour qu’ils retournent au Chili sur le vol qui ramènera leurs compatriotes en Haïti car, en général, les vols rapatrient chez eux les migrants et embarquent des Chiliens, au retour. Une possibilité qui pourrait s’avérer difficile, selon l’ingénieur Jean-Baptiste, puisqu’en Haïti, selon l’ambassade du Chili, on ne compte que 51 Chiliens qui ne seraient pas en situation de vulnérabilité.
À ce jour, plusieurs groupes d’étrangers qui ont émigré au Chili ont réclamé une aide humanitaire pour rentrer dans leur pays en raison de la crise économique et des difficultés survenues pour les vols en raison de la pandémie, notamment des citoyens péruviens, boliviens et colombiens.
Un groupe d’entreprises du secteur privé au Chili a décidé de financer des vols humanitaires, opérés en collaboration avec l’État chilien et le pays de destination des migrants, pour permettre à ces derniers, en difficulté, de rentrer chez eux.
Selon le ministre chilien des Affaires étrangères, Teodoro Ribera, ces dernières semaines, environ 60 000 Chiliens bloqués à l’étranger ont pu rentrer, et entre 40 et 50 000 étrangers résidant au Chili ont pu retourner chez eux.