La PNH a 25 ans: Rameau Normil appelle à la sauvegarde d’un héritage commun

Sans tambour ni trompette, alors que le coronavirus s’étend en Haïti, la police nationale d’Haïti a célébré son 25e anniversaire. L’actuel directeur général de la PNH, Rameau Normil, a prononcé une allocution pour marquer l’événement. Dans ses propos de circonstance, le numéro un de la police a évoqué une journée qui revêt un caractère symbolique dans la vie du peuple haïtien et du personnel policier en particulier. Selon le numéro un de la PNH, ces vingt-cinq anns sont faits de lutte, de sacrifices, de pleurs, de déceptions, de critiques, de résistance, de fierté, d’espoirs, de construction…

25 ans après la création de la PNH, Rameau Normil a questionné le noble idéal de service public de la protection des vies et des biens de son institution. Une interrogation qui, selon lui, garde tout son sens en considérant la situation actuelle du pays et la réalité de la PNH. « Il nous faut tous, en notre for intérieur, prendre le temps d’un exercice de conscience par une autocritique honnête. L’événement nous invite à cette introspection. Hissons-nous donc à la hauteur des sacrifices des pères fondateurs de la nation pour répondre et prendre le virage qu’implique la conjoncture », appelle-t-il.

A l’occasion du 25e anniversaire de l’institution, Rameau Normil estime que l’heure est à la réflexion, aux résultats et à la sérénité pour pouvoir aborder les multiples problèmes auxquels fait face l’institution. « Au-delà des jeux d’intérêts qui peuvent faire osciller chacun d’un côté comme de l’autre, nous ne devons jamais oublier que nous avons un héritage commun à sauvegarder :

La Police nationale d’Haïti, une institution apolitique, au service de la démocratie et du peuple », fait-il remarquer.

Dans ses propos de circonstance, l’actuel directeur de la PNH, n’a pas oublié la crise qui secoue son institution. Une crise qui, selon ses dires, porte sur quatre grandes revendications : de meilleures conditions de travail qui implique des infrastructures appropriées, des équipements de protections et des moyens de déplacement adéquats; le bien-être du personnel qui doit prendre en compte les soins de santé en cas de maladie ou d’accident à travers une assurance effective, l’accompagnement financier de leurs ayants droit en cas de mort, le logement, les salaires et les avantages sociaux; la professionnalisation des membres de la police à travers un programme  de formation continue tant en Haïti qu’à l’étranger; le vetting permanent pour protéger les membres de la PNH du venin et des tentacules de la corruption et de toutes les déviances.  « C’est pourquoi, pour répondre aux revendications, a été mise sur pied « le Service du Bien-être (SBE) », souligne le DG.

Dans la foulée, Normil n’a pas eu de mots tendres à l’endroit de Fantom 509 qu’il qualifie de groupe criminel. Il a invité les policiers de se rappeler de la confiance que le pays a placée en eux. « On ne peut pas décevoir les citoyens qui ne s’attendaient pas à être l’objet  de tant de brutalités au cours des manifestations singulières des membres du groupe criminel Fantom 509 qui enlaidit la belle image de la police de 1995. Ils se réclament d’être des policiers revendiquant. Oh paradoxe ! Pourtant ils utilisent des moyens indignes du statut qu’ils proclament. Un policier, peut-on s’attendre à ce qu’il s’attaque aux biens d’autrui, brutaliser les citoyens qu’il doit servir et protéger, leur voler, violenter, tuer, mettre le feu aux institutions publiques, détruire les biens de l’Etat, gaspiller le matériel de l’Etat, tirer sur des immeubles publics et privés particulièrement la direction générale de la PNH, symbole par excellence de l’institution policière ? Certainement non ! Faut-il les tolérer, les applaudir, les considérer ? Je suis certain que vous, policiers, vous devez être gênés en cet instant que des individus se disant policiers puissent agir de la sorte et qu’ils puissent appartenir à la PNH », soutient-il.

Rameau Normil a invité les policiers à combattre ces « criminels » à tout prix. « Force doit demeurer à la loi et la PNH comme gardienne de l’ordre républicain ne saurait faillir à sa mission. Le groupe Fantom 509 et tous les groupes criminels de la République doivent être des souvenirs pour le pays. Ils seront conjugués au passé. Policiers/Policières, resserrons les rangs, soyons des serviteurs dignes de la République avec toute l’abnégation et les sacrifices que notre métier de policier nous impose .Une récompense, promotion (grade) spéciale à tous les policiers qui auront traqué les criminels notoires y compris lesmembres du Fantom 509», promet-il.

Rameau Normil a envoyé une pensée spéciale aux policiers tombés dans l’exercice de leurs fonctions. « A tous ceux qui ont offert, sur l’autel de la patrie, leur vie en holocauste pour que la République tienne debout, que l’exemple de ces vies sacrifiées nous serve de ciment pour la sauvegarde de notre institution républicaine!  Prenons une minute de silence en leur mémoire », a-t-il appelé. Il a aussi salué la mémoire des policiers décédés des suites de la Covid-19. « Vous avez tous mérité de la patrie. La PNH se souviendra toujours de vos bons et loyaux services ».

L’actuel directeur général de la PNH s’est félicité d’avoir corrigé une injustice vieille de très longtemps concernant le grade dans la police. « De mon installation à aujourd’hui, de nombreux policiers et policières ont été réhabilités en grade. Mon Commandement entend prioriser toujours la méritocratie. Tous ceux et toutes celles qui ont des compétences avérées et d’une intégrité exemplaire n’ont donc rien à craindre »,  rassure-t-il. Sur le respect des droits humains, le DG a promis un renforcement de l’Inspection générale dite police des polices.

Rameau Normil rappelle qu’au moment de quitter la DCPJ, il avait laissé un pays quasiment épuré de gang, de kidnapping. « Malheureusement, revenu en charge à la tête de la Police nationale D’Haïti, en août de l’an dernier, j’ai eu un pays avec plus d’une centaine de gangs et une institution policière malade, désorganisée et démantelée.  Le savoir-faire et le savoir être, joints à la détermination de mon équipe, vont être conjugués pour continuer à donner les résultats que  la population attend de nous et les détruire à nouveau. Notre acharnement à lutter contre le trafic de la drogue, la criminalité transnationale organisée, le financement  du terrorisme, la traite des personnes, la lutte contre la corruption, le kidnapping, contre les gangs armés constituent mes nouveaux défis », assure-t-il.

L’actuel DG a profité de l’occasion pour féliciter, de manière particulière, tous ses prédécesseurs directeurs généraux et les anciens inspecteurs généraux en chef de la PNH qui se sont distingués et ont consenti le sacrifice de faire évoluer la PNH. « C’est aussi leur fête. Vous avez chacun contribué à cette œuvre titanesque. Je vous salue respectueusement et vous remercie », se réjouit-il.

Jean Daniel Sénat

Auteur

Source: Le Nouvelliste

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